Le Vol des vautours - 9
Adaptation littéraire du scénario éponyme déposé à la SACD en 2001
© 2011 - Rémy Le Mazilier
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9
Le Mas-du-Buffre est un gros hameau qui se tasse au nord est du plateau, hésitant entre la lande et les bois. Les champs sont à la porte des maisons. Quelques fermes, une petite auberge. Territoire de la commune de Hurlyas-l’Aven, comme Nivéole et quatre autres petits « villages ». Aujourd’hui, 15 août, une multitude de voitures bien rangées occupent l’un de ces champs. Le jour de l’Assomption, chaque année, tous les caussenards viennent y faire un tour, car le village y accueille leur fête votive, que les paysans appellent « la Fête du Causse ». Dans les champs qui l’entourent, des piétons, adultes, enfants, paysans, touristes (leurs vêtements les identifient), vont et viennent entre le village et le parking champêtre. Avec ses quelque quatre cents habitants, sur trente-trois mille hectares, cela fait un habitant 1/4 au kilomètre carré ! Grossie, en saison, par le flot des touristes en résidence ou de passage, la population est alors multipliée par trois ou quatre - au grand dam des misanthropes locaux et des autres, ceux qui, haïssant le monde urbain et sa société, viennent s’en protéger sur ce karst cévenol ! Le quinze août, c’est le pic de l’affluence estivale ; les caussenards ne sont plus vraiment « entre eux » ; mais ils « se retrouvent », s’agglutinent en petits ou grands groupes d’amis... Non loin de là, une soucoupe de plâtre vole dans le ciel. Coup de fusil. La soucoupe éclate sous l’impact d’une cartouche. C’est le « tir aux pigeons » auquel tous les hommes - tous chasseurs à quelques exceptions près -, participent, avec leur propre fusil. Dans un champ, à l’intérieur d’un espace délimité par des ballots de paille, le curé de Hurlyas-l’Aven, seul prêtre du causse, homme d’âge mûr, costumé de gris, avec « col romain » et une petite croix à la boutonnière, tient un fusil pointé vers le ciel. « Un curé chasseur ! » La chose amusera Michael. Quelques autres hommes, rudes gaillards ou vieux, bedonnants ou secs, avec des fusils de chasse à un ou deux coups, sont près de lui. Sous une allée d’arbres, ombrage rares ici, Eugène, le maire, manches retroussées (vêtu ordinairement) observé par de nombreux curieux paysans et touristes, tient, au bout de la main droite, une énorme boule de bois plus grosse qu'une tête d’enfant, râpée par le temps. Il vise un jeu de quilles d’un autre âge, en bois, qui se dressent loin devant lui sur un espace herbeux, amusants phallus plus grand que nature. Suant à grosses gouttes, concentrant toute son énergie, le sang au visage gonflé de chaleur, il prend son élan et jette la boule ; le projectile de musée va renverser quelques quilles-phallus. Exclamations et applaudissements du public. Des coups de fusil se font entendre régulièrement. Autour d’un carré occupé par de petits paquets coiffés d’anneaux en fil de fer, des enfants maintiennent de courtes cannes à pêche faites de bâtons. Chacun essaient d’attraper un « poisson ». Parmi ces enfants, on reconnaît Michael, coiffé de sa fameuse casquette américaine (très regardée) et, en retrait, sa mère Catherine (tous deux avec lunettes de soleil festival-de-Cannes et tenue d’été très mode). La « Nîmoise », tout amoureuse du causse qu’elle est, ne s’est pas encore défaite de ses préoccupations de « look » de femme de la ville !
Ambiance de kermesse. Nombreux jeux d’extérieur auxquels participent adultes et enfants.
Près d’un bâtiment moderne (qui est la salle des fêtes communale), devant laquelle se tiennent des parties de pétanque, une bâche colorée, brillante de soleil, abrite une buvette en carré, où se pressent beaucoup de gens, surtout des hommes aux allures paysannes. On y boit essentiellement de la bière en canettes que l’on vide au goulot et du pastis. Quelques adultes achètent des sodas puis s’éloignent de la buvette. On y discute bruyamment. Jean-Louis, canette à la main, bavarde avec Léonard, un vieil homme, coiffé d’un béret et doté d’une barbe de Père Noël encore plus abondante que celle du berger de Nivéole, d’un blanc jaunissant, et Didier, l’instituteur du plateau. Léonard, soixante-douze ans, natif de Saint-Hippolyte-du-Fort, dans le Gard, est le dernier berger transhumant du causse. Revenu d’Allemagne en 1945, où il était prisonnier de guerre, il ne retrouve qu’une exploitation agricole familiale en perdition, liquidée par son frère rentré plus tôt... Il ne restait plus que trente cinq brebis en mauvaise santé, « sans dents » comme il dit, à cause des privations - car les brebis, elles aussi, ont souffert de la razzia de l’occupant et donc du rationnement, manquant de fourrage et de céréales ! Alors il quitte le village pour faire sa vie, agrandit son malingre troupeau avec des bêtes d’autres propriétaires qu’il garde « en pension ». Pendant vingt ans, en saison, il le conduira sur le Mont Lozère, à Pelouse puis à Gourdouze, à plus de 1200 mètres d’altitude, dehors avec les bêtes, sans abri, par tous les temps, dans le froid et sous la pluie... Mauvais souvenir : en 1968, cinquante cinq de ses brebis sont mortes de froid malgré leur toison de laine. Il renonce à garder sans refuge et investit le causse où il loue une bergerie. Il y trouvera « l’abri pour l’homme et les bêtes » ! La transhumance ne s’est pas toujours faite en camion. Le départ se faisait vers le 11 juin, toujours le samedi car des amis pouvaient l’aider ce jour de la semaine. Trois jours de voyage à pied. Cent kilomètres à parcourir avec un troupeau qui comptait, autrefois, jusqu’à deux mille têtes, appartenant à plusieurs propriétaires. Deux bergers l’accompagnaient dont un cantonnier en retraite. Le matériel était transporté à dos de mulet. Première nuit à la belle étoile. Deuxième nuit en gîte « d’étape ». Arrivée le troisième jour, en début de soirée. La descente, elle, se faisait en quatre jours, sept mois plus tard... Pour empêcher les brebis de « mettre le nez au sol » - car si elles broutent, elles n’avancent pas -, de grosses cloches « de transhumance » étaient accrochées au cou des 80 meneuses ; la Redon, enflée à sa partie supérieure ou la clape, de forme droite, étaient portées par les béliers castrés ou les brebis les plus fortes. Ainsi équipé, le troupeau en pérégrination pouvait être entendu, en plaine, à 20 km à la ronde ! Les sonnailles tintent, la caravane passe ! Léonard demeure sur le causse jusqu’à ce que le temps l’en chasse - au plus tard, le 1 ou 2 décembre.
Le garde du Parc National bavarde avec eux :
- Ce reboisement de Ferma a été une ânerie !
- Si on fait rien, c’est toute la lande qui va être grignotée ! appuie Léonard, avant de boire une gorgée du pastis qui se trouve devant lui.
- Faut arracher ! faut arracher ! s’entête le garde, un peu enivré.
L’enseignant met son grain de sel :
- Mon projet d’action éducative, pour la rentrée prochaine, est un travail sur le reboisement du causse. Et ses méfaits.
- Excellent ! Excellent ! se félicite le « garde poète ». Si tu as besoin de tuyaux, tu fais appel à moi…
- Tu es incontournable, Jean-Louis ! J’avais l’intention de te voir à ce sujet. Et si je peux impliquer le Parc…
- Dis don ! coupe Léonard à l’adresse du garde, j’ai une brebis qui va pas tarder à crever… Elle a dû bouffer une saleté… Je t’appellerai pour le charnier. (Il boit)
- C’est pour quand ? s’enquiert le garde. (Il boit)
Sur la route qui conduit au village en fête, la 2 CV Citroën rouge et blanche de Sébastien roule à vive allure. Elle dépasse un jeune homme casqué (Cédric) qui circule sur son cyclomoteur rouge. Coups de klaxon amicaux au moment du dépassement. Elle quitte la route pour entrer dans le champ transformé en parking. A pied, Sébastien fend la foule. Il est salué par beaucoup de gens, des touristes qui le connaissent « comme le loup blanc » et surtout des caussenards. Il croise Patrick, la trentaine, un paysan neuf, blond comme un nordique, tâches de rousseurs sur un visage bronzé par le soleil de la lande, vêtu d’un jean très bleu, et d’une chemise à carreaux. L’éleveur accueille Sébastien :
- Tiens, Sébastien !… Ça rentre, la paille ?
- Ça se fait doucement mais ça se fait ! Et toi, Patrick ? Cette moisson ?
- Fini ce matin… J’ai pas beaucoup !
- Le bio… ! c’est l’avenir, Patrick ! T’as raison d’essayer ! Des jeunes comme toi, il en faut sur le causse !… Dis, tu viens boire un coup ?
- Merci, Sébastien, mais j’ai la femme et les gosses qui m’attendent aux jeux.
- On se reverra tout à l’heure… A plus, Patrick !
Sébastien se rend à la buvette. Jean-Louis et Léonard s’écartent pour lui laisser une place. Il serre des mains, noueuses, calleuses, fendillées et brunies ; seules les mains de l’instituteur paraissent étrangères.
- Salut, Jean-Louis ! Salut Léonard !... Didier ! tu es là toi aussi ? (A Jean-Louis et Léonard :) Le bienheureux… ! il est en vacances pour deux mois !
- Plus que soixante-quatre jours ! rectifie l’enseignant.
- Soixante-quatre jours… Il les compte ! (En tapant sur l’épaule de Didier :) Mais je t’utilise pour des coups de main ! J’ai rien à dire !… (A tous :) Comment allez-vous ?
- Ça va ! répondent en cœur ses interlocuteurs.
- C’est ça qu’i faut ! (A l’un des serveurs :) Donne-moi une bière ! (A ses trois amis :) J’ai rentré de la paille jusqu’à maintenant. Des scouts m’ont aidé…Un groupe le matin, un autre cet après-midi. (A Jean-Louis :) Et Catherine ? Et Michael ?
- Ils sont là. Catherine l’a amené aux jeux.
- Catherine…, toujours après les baskets de Michael !
- Elle est un peu collante pour le gosse, c’est vrai ! reconnaît Jean-louis.
- Léonard..., tu as abandonné tes brebis pour venir boire le pastis !
- Elles font la sieste dans l’enclos... Elles n’ont pas besoin de moi !
- Elles se portent bien ?
- J’en ai une qui s’est empoisonnée. Elle est dans un piteux état. Je l’ai promise aux vautours.
- Les vautours en ont besoin, hé ! (Un temps) Je viens de voir Patrick, de Crosfajole. Il a moissonné son bio.
- On m’ a dit qu’il a pas eu un bon rendement…, observe le doyen des bergers. (Ironique :) En faisant du bio…, hé ! (Il boit)
- T’ y crois toi au bio ? fait Sébastien. Moi, je dis que mes brebis, elles valent bien les siennes ! Elles bouffent l’herbe de la lande comme les siennes !
- Pardi !… Ho ! mais ça marchera pas son affaire ! augure Léonard, pétri de préjugés.
- C’est pas dit ! corrige l’instit, le bio, ça peut être une bonne alternative !
- L’instit a parlé ! déclare Sébastien, en riant, on n’a plus qu’à fermer sa gueule !
Didier sourit.
Cédric passe dans la foule, s’arrête à hauteur de la buvette. Il s’en approche, arrive derrière Sébastien, le prend par les épaules, salue tout le monde.
- Alors, Sébastien, on fait la fête ?
- Pas longtemps, Cédric… Faut ben que je sorte un peu le troupeau, hé !
Une jeune fille de l’âge de l’adolescent apparaît derrière dans la foule, le siffle.
- Je vous laisse, j’ai une copine qui m’appelle !
Il s’écarte et disparaît dans la foule.
- Moi, quand je siffle comme ça, c’est pour appeler mon chien ! fait Sébastien.
Léonard acquiesce :
- Moi, si une fille m’avait sifflé comme ça, elle aurait été se faire foutre par un autre ! (A Sébastien, sourire aux lèvres :) Et tes cloches ? elles sonnent toujours le glas ?
Sébastien prend Léonard par le cou :
- Sacré Léonard ! tu te moques toujours de mes cloches… Je crois que oui…, pour toi, leur musique te conviendrait pas ! (A Jean-Louis :) Tu sais que…, Léonard, ce bougre, est un maniaque de la cloche ! Il renouvelle systématiquement les cloches qui sonnent pas clair ! Et quand il les choisit, il écoute chaque cloche avant de l’acheter… (Feignant d’écouter une cloche :) Ting… ! Ting… !
Léonard équipe chacune de ses brebis d’une cloche. Ses sonnailles portent à grande distance : « On entend son troupeau à une distance séparée par quatre heures d’alpage ! » se plait à dire Sébastien.
Arrive un sexagénaire en costume et cravate, à l’allure de notable. Il s’insère parmi les consommateurs, apostrophe le berger de Nivéole :
- Alors, Sébastien ? tu veux semer la merde dans le projet d’aménagement de Ferma ? (A une serveuse :) Donnez-moi un pastis.
Sébastien se confie, à voix basse, à ses amis :
- Qu’est-ce qui me veut le député ?
- On ne parle que de toi dans la contrée ! attaque le député. Tu fais de l’opposition violente, à ce qu’il paraît ?
- Je dis ce que je pense, Député ! Et ce que je pense, c’est que vous êtes une mafia qui brade le causse à des financiers qui veulent nous le pourrir !
- Ho ! ho ! T’y vas un peu fort, Sébastien. Il n’y a ni mafia ni braderie… Il y a des terres qui appartiennent à leur propriétaire et il y a des ruines qui ne demandent qu’à renaître de leurs poussières ! Aucun mal à ça !
- Les propriétaires n’ont pas le droit d’aller à l’encontre des intérêts de la communauté ! tonne le berger de Nivéole. Et le causse, c’est avant tout une lande qui appartient aux moutons ! (Sur ce, il porte la canette à ses lèvres et boit une gorgée).
- Je suis d’accord avec Sébastien ! intervient Léonard. Le causse, c’est d’abord l’affaire des éleveurs !
- Y a déjà cette grosse connerie de reboisement ! surenchérit l’instit.
- Et le Parc ? lance le garde au député ? Faut pas oublier le Parc dans tout ça ! Le tourisme de masse n’est jamais bon pour l’environnement !
- Il ne s’agit pas de tourisme de masse, Jean-Louis, mais de tourisme de luxe, ce qu’il y a de mieux !… (Didier hausse les épaules pour contester) Et du meilleur rapport pour l’économie locale !
- C’est surtout du meilleur rapport pour Serge, réagit Sébastien, ce pourri qui se prostitue aux gens à pognon ! Et vous tous, les politiques, vous valez pas mieux ! Vous écoutez les « experts » (avec raillerie), vous discutez, vous décidez, vous légiférez... Vous êtes des technocrates et des beaux parleurs ! Et toi, Fontanes, on te voit pas souvent sur le causse !... Si ! avant les élections ! Là, tu apparais, tu causes, tu paies le coup, tu promets... Qu’est-ce que tu fais pour le causse ? Dans ton beau costume et avec ta belle cravate, tu te fous des éleveurs... Tu es prêt, comme les autres, à vendre le causse à l’Europe !
- S’il n’y avait pas l’Europe...
- « Une belle merde, celle-là ! »
Sébastien feint d’ignorer qu’il n’aurait plus de moutons à garder sans subventions européennes... « Si on nous payait nos agneaux correctement, on n’aurait pas besoin de subventions européennes ! » proclame-t-il quand on le titille sur ce sujet. La « Vache folle » a fait grimper les cours... mais la coopérative d’achat, à la dernière livraison, n’a pas donné un centime de plus aux éleveurs du causse ! « J’y comprends rien ! » se désolait Sébastien. « C’est comme ça ! qu’est-ce que tu veux y faire ? » fit observer Grégoire. Marie Jo s’était contentée de hausser les épaules en signe de résignation.
Serge arrive à la buvette, le visage tendu. Il tient une canette de bière à la main. Il est rouge d’alcool et sent la bière.
- Tu fais chier, Sébastien ! contre-attaque Serge en bredouillant. Je fais ce que je veux de mes terres et t’es un conard !
Sébastien, embarrassé, ignore Serge ostensiblement. Serge l’apostrophe, entrecoupant ses paroles par des gorgées de canette :
- Tu…, tu es un conard et un ringard ! …En plus, tu es un..., un pédé, ...un pédophile ! (il a accentué le mot en haussant la voix).
- Suffit ! Serge. Calme-toi ! s’écrie le député. Pas d’esclandre maintenant !
- Allez ! va te coucher pour cuver ta bière ! se fâche Sébastien, sans regarder son agresseur. T’es plein comme une outre.
Serge pose la canette et se rue sur Sébastien en l’empoignant.
- Je vais te... te la casser, ta gueule..., pédé !
Léonard, Jean-Louis et Didier maîtrisent Serge aussitôt. Ils l’entraînent à l’écart. Des gens se retournent pour assister à l’altercation. Catherine et Michael arrivent à cet instant.
- Ne parais plus sur mon chemin, Serge, parce que tu tâteras de mes poings !
Catherine s’inquiète :
- Que se passe-t-il ?
- Ce pourri de Serge qui me cherche noise.
- Il a bu ? demande la femme aux autres consommateurs.
- Il est imbibé de bière ! confirme le député.
- Il est plein comme une outre ! ponctue l’instit.
- Il est méchant, Serge ! crie Michael.
- La vérité sort de la bouche des enfants ! dit Sébastien. Serge est un méchant et par-dessus le marché, c’est un conard !…
L’instit regarde l’enfant :
- Bonjour, Moustique !
- Bonjour, fait Michael, timide et plutôt renfrogné.
- Michael ! tu bois quelque chose ? demande Sébastien... Tu préfères peut-être une glace ?
Michael hésite à répondre. Il interroge sa mère du regard, qui en paraît agacée.
- Dis ce que tu veux, Sébastien te l’offre !
- (Avec détermination, comme soudain libéré :) Un Coca !
Il se serre contre Sébastien et lui prend le bras dont il s’entoure les épaules, sous le regard en alerte de sa mère.
- Ça a marché la paille ? demande Catherine, en s’efforçant de gommer sa gêne.
- Impeccable ! Les scouts m’ont bien aidé ! Je vais sortir le troupeau dans un instant… Ce soir, je vais à leur méchoui… Vous y venez ?
- On y sera.
- J’y serai aussi ! fait Didier.
- Ils t’ont invité ? demande Sébastien à Léonard.
- Ils m’ont invité… J’y serai ! Alors, comme ça, tu vas bouffer ta réforme ?
A suivre...
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